Bulletin Club Martel / Spéléo-Var (1ère série) n°19-1984 p.12 et 22
HISTORIQUE :
Inventeurs :
Club Martel Nice
Explorateurs :
Club Martel Nice
Date exploration :
22/09/1957
Additif :
VE.1986
Date modif :
16/03/2018
SITUATION/ACCES :
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DESCRIPTION :
Situation : Située en rive gauche du vallon du Fil, 40m au-dessus du fond, dans une petite barre. Bien visible. Accès en escalade en venant du fond du vallon.Description : Beau porche de 10m de large, partiellement clos par un mur en ruine. Il donne accès à une galerie étroite de 50m de long, devenant très basse, visiblement déblayée, et parallèle à la falaise. Elle ressortait certainement de la falaise car il s'y trouve, au Sud-Ouest, une amorce de galerie impénétrable. Arrêt sur trémie.Equipement : C30 (utile pour quitter la grotte en rappel)
ANNEXE :
Texte de Paul Corbon (2011)
La commune Mons, dans l'Est varois, s'étend dans une zone karstique très riche en cavernes, dont plusieurs ont eu une occupation préhistorique. Parmi toutes ces cavités, deux ont été murées à des époques anciennes, nous les décrivons ci-après, en discutant sur la période et les raisons de leur occupation humaine.
GROTTE MUREE DU VALLON DU FIL
Mons (Var)
La grotte murée du Vallon du Fil s'ouvre en milieu d'une barre rocheuse, en rive gauche du Vallon du Fil, 800 m environ en amont de la source de la Siagnole. On accède à la Source de la Siagnole par la route étroite partant de la D. 58 et passant par les Gombauds. Une clôture de protection de la zone de la source barre la route, mais on peut la contourner à pied par un petit sentier latéral.
La grotte s'ouvre au milieu d'une barre rocheuse de 30m de haut, en retrait du fond du vallon et la ripisylve dense à cet endroit empêche de la voir. Il faudra donc chercher. On peut l'apercevoir en montant sur la berge abrupte qui lui fait face, en rive droite.
Carte IGN 3543 ET (Grasse) UTM 32
X 314.565 Y 4838.795 Z 605 env
DESCRIPTION
Du fait de la végétation, on n'aperçoit la grotte que lorsqu'on arrive au pied de la falaise. Là, une escalade de 15m est nécessaire, avec deux courts pas délicats. On arrive au vaste porche de la grotte, large de 9m et haut de 6, barré entièrement par un mur qui a subi les outrages du temps. Du fait des éboulements qui l'ont affecté, sa hauteur varie entre 0,20 et 2,3 m. Son épaisseur, de 0,5 m à la base est de 0,4m au point le plus haut. Vu le délabrement de son sommet, on ne peut dire quelle était la hauteur du mur à l'origine. La maçonnerie est soignée, bâtie avec des pierres locales jointes au mortier.
Une belle porte, dont le linteau a disparu s'ouvre au milieu du mur. Deux trous sur ses montants montrent qu'elle était fermée par un épar. Dans les parties restantes du mur, on ne trouve aucune meurtrière ; la hauteur de l'escalade à effectuer devait être une défense et une protection suffisantes pour les occupants. Cette cavité correspond à la classification de défense passive de D. Allemand.
La salle constituée par le porche a une superficie de plus de 50 m² et elle représentait un espace de vie confortable, mais aucun aménagement n'y est visible. Seuls d'importantes traces noires laissées par la fumée au plafond montrent qu'elle a été occupée durant une période assez longue. Au fond de la salle, une galerie d'une section moyenne de 3m par 3 a été explorée le 22 septembre 1957, sur une cinquantaine de mètres, par le S.C. Martel de Nice.
HISTOIRE
Hormis la fiche d'exploration rédigée par les spéléologues en 1957, aucun écrit connu ne se rapporte à la grotte. Il est certain que cette zone boisée et propice à la chasse, située près d'une source abondante a été occupée par l'homme depuis la préhistoire. Par rapport à ce que nous avons vu dans d'autres grottes similaires, l'appareillage des pierres jointes au mortier permet de situer la construction du mur, au plus tôt, au XVIIe siècle. Mais, cela ne répond pas à la question : Qui aurait pu occuper cette cavité défensive et pour quelles raisons? Le village de Mons est trop éloigné et seules quelques fermes dispersées sont à une demi-heure de marche. Leurs habitants auraient-ils aménagé la grotte dans les périodes de trouble du XVIe au XVIIIe siècle ? Ou encore, n'était-ce au départ qu'un abri de chasseurs réaménagé par la suite ?
BIBLIOGRAPHIE
• Yves CREAC'H, 1987, Inventaire spéléologique des Alpes-Maritimes, tome IV,Editions CEF, Nice, p.999 et 1013, plan
• Denis ALLEMAND & Catherine UNGAR, 1988, Grottes murées en Haute-Provence : Mons, Méailles, Châteauneuf-les-Moustiers, Mém. IPAAM, t. XXX, pp. 157-163
• Denis ALLEMAND, Catherine UNGAR, 1997, L'architecture rupestre et troglodyte en Provence, in : Actes du second congrès international de subterraneologie, Mons (Belgique), pp. 179-197
• ALLEMAND D., Ungar C. (2008) Grottes-refuges en Provence orientale : de l'abri temporaire au château troglodytique. Actes du 3e colloque pluridisciplinaire de St-Martin-Le-Vieil (conférencier invité), « Habitat troglodytique et sites rupestres au Moyen Age », Carcassone. Sous presse.